Elle sauve un jeune homme de 18 ans à 4 mètres de profondeur dans une piscine

Témoi­gnage de Clotilde Gérard, nageuse sauve­teuse SNSM, qui a mis à profit son expé­rience SNSM pour sauver de la noyade un jeune de 18 ans, tombé incons­cient dans une piscine, à 4 mètres de profon­deur.

Clotilde, sauveteuse à la SNSM
Clotilde, sauveteuse à la SNSM © DR

Clotilde Gérard est une nageuse sauve­teuse de 30 ans. Formée en 2014 au centre de forma­tion et d’in­ter­ven­tion (CFI) de la SNSM de Paris-Ile de France, elle a passé son BNSSA en 2015. Nageuse sauve­teuse SNSM l’été, elle a débuté sur les plages de Norman­die et de Vendée. Puis, lors de ses saisons suivantes, elle a évolué en tant qu’adjointe au chef de poste à Lorient et au Croi­sic. Ses études de kiné­si­thé­ra­peute l’ont éloi­gnée des saisons esti­vales. Pour autant, elle conti­nue à mener une vie active de béné­vole dès qu’elle en a la possi­bi­lité. Désor­mais, elle met son expé­rience au profit de la surveillance d’as­so­cia­tions spor­tives en piscine durant le reste de l’an­née, en région pari­sienne. 

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Piscine © Marianne Cossin

Récit d’in­ter­ven­tion

Le 15 janvier 2021, alors qu’elle surveillait un groupe de jeunes lycéens, elle a dû inter­ve­nir en urgence pour sauver de la noyade, un jeune homme tombé incons­cient au fond du bassin. Elle nous raconte :

« Ce jour-là, c’était un vendredi soir, cinq minutes avant d’éva­cuer le bassin, tandis que les élèves sortaient au compte-gouttes, une élève est venue me préve­nir qu’Hugo était au fond du bassin et ne remon­tait pas. J’ai tout de suite compris. J’ai immé­dia­te­ment plongé pour le récu­pé­rer sous l’eau, à 4 mètres de profon­deur, puis je l’ai remonté. Un autre maître-nageur et la profes­seure d’EPS ont assisté à la scène. Ils m’ont aidé à sortir le jeune homme incons­cient de l’eau. Une fois qu’il était sur le bord du bassin, je suis sortie en vitesse de l’eau. Mes deux collègues ont effec­tué le bilan. Je me suis préci­pi­tée dans l’in­fir­me­rie pour récu­pé­rer le sac de secours. Le temps que je revienne (quelques secondes), le jeune homme avait repris connais­sance et été mis en posi­tion laté­rale de sécu­rité car il régur­gi­tait beau­coup de sang. Durant une quin­zaine de minutes, en atten­dant le SAMU, nous avons dû gérer la satu­ra­tion (taux d’oxy­gène dans le sang) très basse de la victime qui néces­si­tait le port d’un masque à oxygène. Cepen­dant, le jeune homme se débat­tait pour trou­ver sa respi­ra­tion et le masque semblait vrai­ment le gêner. Les secours sont arri­vés et l’ont trans­porté à l’hô­pi­tal. Il est heureu­se­ment aujour­d’hui sorti d’af­faire. » 

La forma­tion SNSM, un atout pour la surveillance de baignade

La régle­men­ta­tion impose aux candi­dats qui souhaitent exer­cer une acti­vité de surveillance des baignades de dispo­ser de deux diplômes (brevet natio­nal de sécu­rité et de sauve­tage aqua­tique – BNSSA et premiers secours en équipe de niveau 1 – PSE1).

La SNSM, quant à elle, exige des forma­tions complé­men­taires (PSE2, Permis côtier, CRR, SSA mention pilo­tage) pour ses nageurs sauve­teurs. Ces cursus sont dispen­sés au sein des centres de forma­tion et d’in­ter­ven­tion (CFI) de la SNSM, ce qui implique de conti­nuer à se former et à réali­ser des exer­cices d’en­traî­ne­ments, tout au long de l’an­née.

« C’était ma première inter­ven­tion de sauve­tage depuis que j’ai mon BNSSA. Sur les plages, je n’avais jamais été amenée à secou­rir une victime pour ce type d’ac­ci­dent. Pour autant, grâce aux nombreux entraî­ne­ments réali­sés en piscine, et à mon expé­rience cumu­lée durant plusieurs saisons avec la SNSM au sein de postes de secours esti­vaux, j’ai su réagir vite et effi­ca­ce­ment. Avant cet acci­dent, je me suis toujours posé la ques­tion de savoir si, le jour de ma première grosse inter­ven­tion, je serais téta­ni­sée par la peur, ou est-ce que, au contraire, je saurais faire preuve de self-control, concen­trée sur le soin à prodi­guer aux victimes. La deuxième suppo­si­tion a été la bonne, c’est ce qu’il s’est passé ce jour-là.

Je tiens à mettre en avant la qualité de la forma­tion dispen­sée par les forma­teurs béné­voles de la SNSM. C’est un cursus très complet durant les neuf mois de forma­tion ainsi que tout au long de l’an­née, ponc­tuée de sessions d’en­traî­ne­ments régu­lières. Sur la partie sauve­tage, nous réali­sons divers exer­cices de mise en situa­tion concrets comme la récu­pé­ra­tion d’un indi­vidu et sa sortie hors de l’eau. Nous nous exerçons avec diffé­rents gaba­rits de personnes. Cela nous permet d’ap­pré­hen­der des diffi­cul­tés réalistes par rapport au terrain. Sur la partie secou­risme, la forma­tion conti­nue dispen­sée chaque année, nous aide à actua­li­ser nos connais­sances sur les procé­dés d’in­ter­ven­tions et les gestes de premiers secours, à travers des cas concrets. Fina­le­ment, je peux dire que ces gestes sont deve­nus des auto­ma­tismes pour moi. Ce soir-là, j’ai pu réagir vite. Je tiens à remer­cier tous les forma­teurs du centre de forma­tion et d’in­ter­ven­tion de Paris, ainsi que mes chefs de postes lors de mes saisons, qui m’ont trans­mis ces compé­tences indis­pen­sables. » 

Le soutien précieux des béné­voles SNSM

« Ces inter­ven­tions peuvent parfois être éprou­vantes, et ce fût le cas pour moi cette fois-là. Au-delà d’une forma­tion complète, l’atout de la SNSM c’est aussi le soutien dont on béné­fi­cie après ces inter­ven­tions. J’ai reçu beau­coup de messages et d’ap­pels de sauve­teurs du CFI de Paris auprès desquels j’ai pu me déchar­ger de certaines images et émotions qui m’avaient cham­bou­lée. Les échanges que j’ai eu avec ceux qui avaient vécu des inter­ven­tions simi­laires, et qui compre­naient ce que je ressen­tais m’ont permis de libé­rer les trau­ma­tismes liés à cet acci­dent. Alors encore une fois, MERCI aux béné­voles de la SNSM qui nous entraînent à être « prêts » quand ça arrive. »