Clotilde Gérard est une nageuse sauveteuse de 30 ans. Formée en 2014 au centre de formation et d’intervention (CFI) de la SNSM de Paris-Ile de France, elle a passé son BNSSA en 2015. Nageuse sauveteuse SNSM l’été, elle a débuté sur les plages de Normandie et de Vendée. Puis, lors de ses saisons suivantes, elle a évolué en tant qu’adjointe au chef de poste à Lorient et au Croisic. Ses études de kinésithérapeute l’ont éloignée des saisons estivales. Pour autant, elle continue à mener une vie active de bénévole dès qu’elle en a la possibilité. Désormais, elle met son expérience au profit de la surveillance d’associations sportives en piscine durant le reste de l’année, en région parisienne.
Récit d’intervention
Le 15 janvier 2021, alors qu’elle surveillait un groupe de jeunes lycéens, elle a dû intervenir en urgence pour sauver de la noyade, un jeune homme tombé inconscient au fond du bassin. Elle nous raconte :
« Ce jour-là, c’était un vendredi soir, cinq minutes avant d’évacuer le bassin, tandis que les élèves sortaient au compte-gouttes, une élève est venue me prévenir qu’Hugo était au fond du bassin et ne remontait pas. J’ai tout de suite compris. J’ai immédiatement plongé pour le récupérer sous l’eau, à 4 mètres de profondeur, puis je l’ai remonté. Un autre maître-nageur et la professeure d’EPS ont assisté à la scène. Ils m’ont aidé à sortir le jeune homme inconscient de l’eau. Une fois qu’il était sur le bord du bassin, je suis sortie en vitesse de l’eau. Mes deux collègues ont effectué le bilan. Je me suis précipitée dans l’infirmerie pour récupérer le sac de secours. Le temps que je revienne (quelques secondes), le jeune homme avait repris connaissance et été mis en position latérale de sécurité car il régurgitait beaucoup de sang. Durant une quinzaine de minutes, en attendant le SAMU, nous avons dû gérer la saturation (taux d’oxygène dans le sang) très basse de la victime qui nécessitait le port d’un masque à oxygène. Cependant, le jeune homme se débattait pour trouver sa respiration et le masque semblait vraiment le gêner. Les secours sont arrivés et l’ont transporté à l’hôpital. Il est heureusement aujourd’hui sorti d’affaire. »
La formation SNSM, un atout pour la surveillance de baignade
La réglementation impose aux candidats qui souhaitent exercer une activité de surveillance des baignades de disposer de deux diplômes (brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique – BNSSA et premiers secours en équipe de niveau 1 – PSE1).
La SNSM, quant à elle, exige des formations complémentaires (PSE2, Permis côtier, CRR, SSA mention pilotage) pour ses nageurs sauveteurs. Ces cursus sont dispensés au sein des centres de formation et d’intervention (CFI) de la SNSM, ce qui implique de continuer à se former et à réaliser des exercices d’entraînements, tout au long de l’année.
« C’était ma première intervention de sauvetage depuis que j’ai mon BNSSA. Sur les plages, je n’avais jamais été amenée à secourir une victime pour ce type d’accident. Pour autant, grâce aux nombreux entraînements réalisés en piscine, et à mon expérience cumulée durant plusieurs saisons avec la SNSM au sein de postes de secours estivaux, j’ai su réagir vite et efficacement. Avant cet accident, je me suis toujours posé la question de savoir si, le jour de ma première grosse intervention, je serais tétanisée par la peur, ou est-ce que, au contraire, je saurais faire preuve de self-control, concentrée sur le soin à prodiguer aux victimes. La deuxième supposition a été la bonne, c’est ce qu’il s’est passé ce jour-là.
Je tiens à mettre en avant la qualité de la formation dispensée par les formateurs bénévoles de la SNSM. C’est un cursus très complet durant les neuf mois de formation ainsi que tout au long de l’année, ponctuée de sessions d’entraînements régulières. Sur la partie sauvetage, nous réalisons divers exercices de mise en situation concrets comme la récupération d’un individu et sa sortie hors de l’eau. Nous nous exerçons avec différents gabarits de personnes. Cela nous permet d’appréhender des difficultés réalistes par rapport au terrain. Sur la partie secourisme, la formation continue dispensée chaque année, nous aide à actualiser nos connaissances sur les procédés d’interventions et les gestes de premiers secours, à travers des cas concrets. Finalement, je peux dire que ces gestes sont devenus des automatismes pour moi. Ce soir-là, j’ai pu réagir vite. Je tiens à remercier tous les formateurs du centre de formation et d’intervention de Paris, ainsi que mes chefs de postes lors de mes saisons, qui m’ont transmis ces compétences indispensables. »
Le soutien précieux des bénévoles SNSM
« Ces interventions peuvent parfois être éprouvantes, et ce fût le cas pour moi cette fois-là. Au-delà d’une formation complète, l’atout de la SNSM c’est aussi le soutien dont on bénéficie après ces interventions. J’ai reçu beaucoup de messages et d’appels de sauveteurs du CFI de Paris auprès desquels j’ai pu me décharger de certaines images et émotions qui m’avaient chamboulée. Les échanges que j’ai eu avec ceux qui avaient vécu des interventions similaires, et qui comprenaient ce que je ressentais m’ont permis de libérer les traumatismes liés à cet accident. Alors encore une fois, MERCI aux bénévoles de la SNSM qui nous entraînent à être « prêts » quand ça arrive. »